Prendre soin en socio-esthétique (SE) ou psycho-socio-esthétique (PSE) est une démarche qui utilise l’impact des soins esthétiques sur une personne ou un groupe de personnes dont l’hospitalisation, l’enfermement, l’exclusion, les accidents de la vie, engendrent douleur, souffrance, dégradation de l’estime de soi, rejet de certaines parties du corps, sentiment d’abandon et de solitude, vécu de dépersonnalisation. En plus de la spécificité initiale du soin esthétique et de ses déclinaisons (soins portés sur l’apparence, éducation à l’hygiène, coiffure…) prendre soin de la personne signifie apporter une aide technique (le soin esthétique) et une approche relationnelle dont le but principal est d’améliorer sa qualité de vie. La richesse du toucher esthétique vise à soulager la souffrance physique et psychique.
Ainsi, prendre soin en socio-esthétique ce n’est pas seulement pratiquer des soins esthétiques mais c’est aussi accompagner une personne ou un groupe de personnes malades, handicapées, fragilisées, désocialisées, cabossées par la vie, vers un état de consolidation, d’autonomie, de meilleure qualité de vie, en collaboration avec d’autres acteurs du soin ou de la réhabilitation psycho-sociale. C’est aller, ensemble, vers le mieux-être.
Ce n’est pas seulement le professionnel qui fait le soin mais son aptitude à être dans la relation, dans le respect de la singularité, des croyances de chacun. Prendre soin c’est comprendre les besoins exprimés ou non, analyser l’état de dépendance ou les capacités, repérer les émotions, s’attarder à l’expression de la souffrance de cet autre dont on s’occupe et avec lequel on va s’instaurer un lien apaisant. Il arrivera, d’ailleurs quelquefois, que le professionnel (SE/PSE) n’exerce aucun soin technique mais reste dans cette attitude d’écoute, d’empathie, de disponibilité pour malgré tout prendre soin.
Alors qu’en est-il des soins esthétiques dans cette dimension du prendre soin ? La plus grande partie des soins esthétiques s’appuie sur le toucher (soin visage, soin corps, modelages des mains et des pieds, maquillage, épilations).
Nous le savons le toucher est indispensable à la vie de l’individu. Le toucher esthétique ne peut, pourtant pas, se résumer au simple sens tactile. Tous les sens «touchent ». Nous touchons par notre regard bienveillant dans lequel l’autre se sent exister : en esthétique nous regardons l’autre dans une distance intime, nous apprivoisons le miroir souvent délaissé. Nous touchons aussi par le poids et l’intentionnalité de nos mots, leur tonalité, mots qui se doivent sécurisants. Nous touchons par la qualité de notre écoute que nous qualifions d’active pour déceler les émotions de la personne. Nous touchons par nos odeurs qui peuvent interférer dans la relation et les parfums des produits que nous utilisons seront générateurs d’émotions. Les soins esthétiques font appel à tous ces sens porteurs d’émotions et qui interfèrent dans la qualité de notre prendre soin.
Le soin du visage prend soin de la peau souvent fatiguée par la maladie, le manque d’intérêt, les chimiothérapies, la consommation de produits toxiques. Cette prise en compte répond à un besoin identifié tel que « être propre et soigné et protéger ses téguments ». C’est une de ses premières fonctions qui s’adresse à cette partie du corps particulièrement exposée au regard d’autrui, siège de notre identité, et sur lequel peut se lire le rejet, l’amour. Le visage est l’élément premier dans l’appréciation de la beauté et de la laideur, dans l’attirance ou la répulsion. Le visage joue un rôle important dans l’image que le sujet a de lui-même et qu’il offre aux autres, facteur important dans les relations sociales. Ce soin devient alors médiateur de la relation : il permet d’instaurer un lien nécessaire à toute personne pour laquelle nous avons repéré une anxiété, une perturbation de l’estime de soi, une perturbation de l’image corporelle, une perturbation des interactions sociales…
Il en va de même pour le maquillage qui sublime la peau, cache certains stigmates occasionnés par la maladie, les accidents : il n’est pas là pour tromper mais pour mettre en valeur la personnalité, aider à être soi-même sans crainte du regard de l’autre. Il donne à la personne plus d’assurance, plus de confiance en elle, qualités qui se voient altérées par la maladie, l’exclusion. Une mauvaise image de soi perturbe l’estime de soi pourtant nécessaire à la qualité de vie et au mieux-être.
Le soin du corps participe lui aussi au prendre soin d’une personne. Cela induit un état de détente, une prise de conscience du schéma corporel, la restauration de l’enveloppe tactile en même temps qu’il permet au receveur d’exister.
Epilations, conseil en image participent aussi au prendre soin d’une personne.
On le voit prendre soin en esthétique n’est pas seulement accomplir un certain nombre d’actes mais c’est aussi être préoccupé par le sort de l’autre, se soucier de sa santé au sens large du terme et de son devenir dans son environnement.
Auteur : Danièle Dubroca, infirmière en psychiatrie, socio-esthéticienne, formatrice chez PBA à Nanterre et présidente de l‘Association Mieux Vivre Avec Son Corps à Pau (64).
Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.
La formation des travailleurs sociaux aux pratiques socio-esthétiques se développe de plus en plus ces…
Esthétique et Santé a interviewé Véronique Labeille, Psycho-Socio-esthéticienne qui a suivi la formation de socio-esthéticienne…
Les bienfaits de la Socio-esthétique en oncologie ne sont plus à démontrer auprès des patients…
Estime de soi : des ateliers de socio-esthétique pour les personnes en situation de handicap.…
Socio-esthétique et Oncologie. Esthétique et Santé a interviewé Marie-Anne Conorgues, Socio-esthéticienne depuis 18 ans et…
Massage et Cancer à l'institut, au spa et en thalassothérapie, tel va être le sujet de…